Je suis née dans un petit
village de pêcheurs, où mes parents m’élevèrent de leur mieux, malgré
nos faibles revenus. Ma mère Fénæ, m’appris tout ce qu’elle connaissait
du métier de boulangère, qui se révélait difficile mais terriblement
intéressant. Ce fut un jour où j’en avait marre d’attendre que le pain
ne cuise que je décida de me lancer dans des études de Pyromage, auprès
des anciens du village, qui m’éduquèrent très ardemment trop contents
de pouvoir léguer leurs connaissances à une petite fille comme moi,
alors que les autres enfants restaient plutôt fidèles à leurs parents.
Ma mère comme mon père m’approuvaient, fiers que leur fille rompe enfin
la tradition, ils dépensèrent toute nos économies pour mon éducation,
qui se fit dans un monastère très discret.
Chaque matin, je me réveillais en pensant à mes études, dans lesquelles
j’excellait, mais je savais que bientôt mes parents n’auraient plus
assez d’argent pour payer les mages enseignants. Je me levais tôt pour
faire du pain, que je cuisait à l’aide de mes pouvoirs pour le moment
assez faibles. Notre boulangerie marchait du tonnerre, malheureusement
les études coûtaient de plus en plus cher.
Ce fut un jour où je
cueillais des champignons dans la forêt pour pouvoir préparer le dîner
de ce soir, que je trouva un coffre, non verrouillé, comme par miracle.
À l‘intérieur, nombre de pierres translucides taillées dans une forme
magnifique. Je ramena ma trouvaille chez moi, oubliant mes champignons
et mes parents m’annoncèrent que c’était des diamants, des diamants
parfaits, sans aucune aspérité, et que chacun d’eux pouvaient servir à
acheter l’équivalent de notre village. Je sourit, leur donna le coffre,
gardant pour moi deux petits diamants.
Notre famille garda le
secret de notre richesse au village, même s’il était visible que l’on
s’habillait mieux, notre boulangerie s’était agrandie, la réputation de
notre famille grandit, et mon père fut élu maire du village environ
deux semaines après. Ma mère s’attachait à notre boulangerie, gérée par
elle et moi-même, mon père régissait notre communauté avec brio, un
téléporteur pour la cité de Dalaran fut installé, les marchants
affluèrent au village, jamais le petit village ne s’était aussi bien
porté.
Mes études prirent de l’ampleur, les mages redoublants
d’efforts pour me former, je devint la meilleure mage du feu, adaptée à
des tâches journalières comme à une bataille. Au jour de mes 20 ans, je
fut enfin prête, la meilleure mage du village, la seule mage
d'ailleurs. Mon physique avait bien changé depuis, ma chevelure était
dense, d’une couleur feu, mes yeux s’étaient empreints d’une couleur
ocre, qui viraient à un noir profond lorsque j’étais contrariée. Je
rentrais de Dalaran pour annoncer la fin de mes études, mais le village
que je vit sous mes yeux n’était plus celui que j’avais quitté ce matin
même.
Le village en feu, nombres de villageois morts, leurs
corps inanimés étendus sur le pavé de la petite communauté, seule la
mairie semblait préservée, ainsi que notre boulangerie, qui paraissait
intacte. Je descendit dans la rue, évitant de regarder les corps
sanglants des gens que j’avais côtoyé pendants 20 ans, des enfants qui
étaient nés et ceux avec lesquels j’avait joué. Lorsqu’ enfin j’arriva
à la boulangerie, je vit mon père en grande discussion avec un homme
armé, derrière lequel il y avait une vingtaine de guerriers qui lui
semblaient dévoués. Je ne voyais pas ma mère, je ne savais pas où elle
se trouvait, était-elle parmi les corps inertes sur le sol ? Je n’en
savais rien. Je vit soudain le soldat dégainer son arme et enfoncer sa
lame dans le ventre de père, qui s’effondra.
Malheureuse, et
furieuse, je les extermina d’un puissant sort qui les réduisit en
cendres comme si cela avait été aussi simple que de respirer.
D’ailleurs, je m’aperçut que j’avais retenu mon souffle mais ne parvint
pas à ordonner à mon corps d’inspirer l’air de la mer. Je m’évanouis,
aucun souffle ne soulevait ma cage thoracique, j’étais comme morte.
Pourtant mon corps savait que je vivait.
Lorsque j’ouvrit les
yeux, j’inspira une grande bouffée d’air, mais celui-ci était chargé de
poussière et le monde autour de moi n’était pas le village que j’avais
toujours connu. D’ailleurs, celui-ci était en mouvement, j’avançais
dans un long sentier bordé de montagnes. J’entendit soudain un
gargouillement, et baissa les yeux vers la source de ce son. Une
araignée immense et verte me transportait, semblant ne pas me
considérer comme un repas. Je referma les yeux, croyant à un rêve, mais
lorsque je les rouvrit j’étais toujours sur l’arachnide, mais celle-ci
s’était arrêtée. Un village se dressait devant moi, au cœur des
montagnes. J’entendit une voix dans ma tête, celle-ci me demanda de
descendre de son dos, et de pénétrer dans le village. Ici,
m’assura-t-elle, je referais ma vie avec les personnes qui y vivaient,
qui m’accepteraient certainement.
Je descendit de ma nouvelle
amie, et elle s’en alla après m’avoir souhaité bonne chance. Je
franchit d’un pas assuré l’entrée du village, une charmante draeneï
m’observait, anxieuse, puis entra dans l’auberge, me considérant
apparemment comme sans danger. Elle ressortit quelques secondes plus
tard, accompagnée d’un autre draeneï et d’un elfe de sang, qui
m’accueillirent chaleureusement. J’appris que le draeneï se nommait
Arkenios, l’elfe de sang était son ami et je ne sut pas aussitôt le nom
de la belle draeneï, qui semblait distante. J’appris plus tard qu’elle
se nommait Liloo et qu’il lui fallait un temps d’adaptation pour toute
personne nouvelle, en raison de son statut de chamane.
Aujourd’hui je suis heureuse, tout le monde m’a accepté et malgré la
récente perte de mon géniteur, j’essaie de retrouver ma mère, qui, je
le suis certaine, est toujours vivante. Je m’essaie donc à la
télépathie mais cela est difficile, pourtant je sais que je
parviendrais à mes fins, comme toujours je suis déterminée. . .
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